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Opinion : Les dérives autour du titre "Excellence " dans nos sociétés

7/12/2025

  Dans la vie politique et administrative de beaucoup de pays, un mot revient presque partout : « Excellence ». On l’entend lors des cérémonies officielles, dans les discours publics, pendant les visites protocolaires et même dans des discussions ordinaires. Ce mot est devenu tellement courant que certains l’utilisent sans vraiment savoir d’où il vient, ce qu’il signifie ou comment il devrait être employé. Pourtant, ce n’est pas une simple formule de politesse. Il a une histoire et un cadre bien précis, hérités des anciennes pratiques diplomatiques. Pour comprendre son importance et éviter les erreurs, il est utile d’expliquer clairement à qui ce titre est destiné, ce qu’il représente et pourquoi il est parfois trop utilisé dans certaines sociétés.

Le mot « Excellence » est avant tout un titre protocolaire. Cela veut dire qu’il sert dans les relations officielles entre les États, les institutions et les autorités publiques. Il permet d’exprimer du respect pour la fonction qu’exerce une personne. Ce respect n’est pas lié à sa personnalité, à son âge ou à sa réputation. Il dépend uniquement du poste qu’elle occupe au moment où l’on s’adresse à elle. C’est pourquoi ce titre ne concerne qu’un groupe de hauts responsables, ceux qui portent une grande responsabilité au niveau national ou international. Le protocole ne laisse pas de place à l’improvisation, il fixe clairement les fonctions qui méritent cette appellation.

Dans la majorité des pays, on utilise le titre « Excellence » pour s’adresser aux Chefs d’État, aux Chefs de gouvernement, aux Ministres, aux Ambassadeurs et à certains responsables d’organisations internationales. Lorsqu’un Président est reçu quelque part, on dit « Son Excellence Monsieur le Président ». Lorsqu’un ambassadeur est accueilli dans un autre pays, on parle de « Son Excellence l’Ambassadeur ». L’objectif n’est pas de faire plaisir à la personne, mais de reconnaître officiellement qu’elle représente l’autorité de son pays. Le protocole permet ainsi de créer un climat de respect mutuel entre les Nations, où chacun connaît le rang de l’autre.

Il faut aussi préciser que « Excellence » n’est pas un titre que l’on garde toute sa vie. Dès qu’une personne quitte ses fonctions, elle n’est plus censée être appelée ainsi. Les règles protocolaire sont claires ; le titre accompagne la fonction, il disparaît quand la fonction prend fin. Un ancien Président redevient « ancien Président ». Un ministre qui n’est plus en poste redevient simplement « Monsieur » ou « Madame ». Pour les ambassadeurs, certains conservent par courtoisie le titre d’« Ambassadeur », mais cela ne signifie pas qu’ils doivent encore être appelés « Excellence ». Ces détails sont importants pour éviter les déformations dans l’usage des titres officiels.

Cependant, dans beaucoup de pays africains, l’utilisation du mot « Excellence » dépasse largement ces règles. On continue de l’employer pour parler d’anciens ministres, d’anciens ambassadeurs, d’anciens présidents, et même parfois de personnes qui n’ont jamais occupé des postes justifiant cette appellation. Cette pratique s’explique par l’importance sociale accordée aux titres honorifiques. Dans certains milieux, appeler quelqu’un « Excellence » est une façon de montrer du respect ou de reconnaître son influence. À force, cette habitude est devenue une sorte de réflexe, peu importe le statut actuel de la personne.

Mais cet usage trop large finit par créer une vraie confusion. Le titre perd progressivement son sens protocolaire et sa force symbolique. Quand tout le monde devient « Excellence », plus personne ne l’est vraiment. Dans les relations diplomatiques, ce décalage peut même poser problème, car il ne correspond pas aux normes reconnues à l’international. Un pays qui distribue ce titre trop facilement peut donner l’impression de ne pas respecter les règles officielles. À la longue, cela peut brouiller la compréhension des rôles et des responsabilités de chacun.

Pour éviter ces excès, il serait mieux de réserver l’appellation « Excellence » seulement aux responsables qui sont réellement en fonction et qui représentent officiellement l’État ou une institution de haut niveau. Les anciens dirigeants méritent évidemment respect et gratitude, mais il existe des expressions plus appropriées pour cela, comme « ancien Président », « ancien Ministre » ou « Monsieur l’Ambassadeur ». Ces formulations honorent aussi leur parcours sans aller à l’encontre du protocole.

En un mot comme en mille, le titre « Excellence » est une marque de respect qui dépend exclusivement de la fonction exercée. Ce n’est pas une récompense personnelle ni un signe de grandeur permanente. Bien utilisé, il permet de maintenir de la clarté dans le langage administratif et dans les relations protocolaires. En comprenant mieux son sens et son usage, chacun peut contribuer à rétablir un emploi juste et raisonnable d’un titre souvent entendu, mais rarement bien expliqué.

Par Aboubacar SAKHO
Expert en Communication

 

 
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