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Le bornage du téléphone : comment la technologie aide à localiser un portable

5/10/2025

 

Le bornage du téléphone est une méthode qui permet de retrouver la position d’un téléphone portable grâce aux antennes-relais des opérateurs de téléphonie. Chaque fois qu’un appareil est allumé et cherche le réseau, il se connecte automatiquement à la borne la plus proche. Cette connexion laisse une trace enregistrée avec la date et l’heure, c’est ce qu’on appelle le bornage. En analysant ces traces, on peut situer un téléphone dans une zone donnée et reconstituer ses déplacements sur une période donnée.

Techniquement, le bornage ne donne pas une position exacte comme le GPS. Il indique plutôt une zone de couverture : en ville la précision peut être de quelques centaines de mètres, en zone rurale elle peut s’étendre sur plusieurs kilomètres. Quand un téléphone dialogue avec plusieurs antennes en même temps, on peut croiser ces informations pour améliorer la précision. Les opérateurs conservent des journaux des bornages, et ces données deviennent utiles lorsqu’il faut retrouver un téléphone perdu, résoudre un litige ou mener une enquête policière.

Le recours au bornage se fait surtout dans le cadre d’enquêtes judiciaires. Les autorités habilitées (police, gendarmerie, magistrats) peuvent demander aux opérateurs les données de bornage d’un numéro précis. En général, cette demande passe par une autorisation judiciaire pour protéger la vie privée des personnes. Les informations de bornage peuvent permettre, par exemple, de vérifier si une personne se trouvait à un endroit précis à un moment donné, de reconstituer un trajet ou d’identifier des zones fréquemment visitées par le titulaire du téléphone.

Dans de nombreux pays, plusieurs enquêtes criminelles ont été résolues grâce au bornage. En France, par exemple, l’affaire Alexia Daval, survenue en 2017 dans la région de Haute-Saône, a été élucidée en partie grâce au bornage du téléphone de son mari. Les enquêteurs ont découvert que son appareil se trouvait dans la même zone que la victime au moment du drame, contredisant ainsi sa version initiale. Toujours en France, lors de l’enquête sur le meurtre de la petite Maëlys de Araujo, en 2017 également, le bornage du téléphone du suspect Nordahl Lelandais a permis de retracer ses déplacements entre la salle de fête et le lieu où le corps a été retrouvé, orientant la police sur la vérité des faits.

En Côte d’Ivoire, le bornage a permis à la police criminelle de retrouver les auteurs d’un enlèvement à Abidjan en 2022 : les enquêteurs ont recoupé les données de plusieurs numéros utilisés par les suspects et ont localisé leur cachette dans un quartier périphérique. De même, au Sénégal, les services d’enquête ont réussi à identifier le principal suspect dans le meurtre d’un chauffeur de taxi à Rufisque grâce à la localisation de son téléphone, qui bornait sur la zone du crime au moment des faits. Ces exemples démontrent que le bornage est devenu un outil incontournable pour les forces de l’ordre dans la lutte contre la criminalité.

Le bornage sert aussi dans des situations non judiciaires : aider à retrouver un téléphone volé ou perdu, ou fournir des éléments lors d’un dossier d’assurance. Toutefois, ces usages sont encadrés par la loi et par les règles des opérateurs, car les données de localisation peuvent révéler des habitudes de vie et des relations personnelles. Les opérateurs suppriment généralement ces données au bout d’un certain temps, sauf si la justice en ordonne la conservation.

Il est important de noter la différence entre bornage et géolocalisation par GPS. Le GPS s’appuie sur des satellites pour donner une position précise à quelques mètres. Le bornage, lui, dépend des antennes terrestres et reste moins précis. En revanche, le bornage a l’avantage de fonctionner même si le GPS est désactivé ou si le téléphone n’a pas accès à Internet. Tant que l’appareil est allumé et capte le réseau mobile, il laisse des traces.

Certains types de téléphones ou certaines situations permettent d’échapper temporairement au bornage. Lorsqu’un téléphone est éteint ou que sa batterie est retirée, il cesse toute communication avec les antennes, et aucune trace n’est enregistrée pendant ce temps. En mode avion, l’appareil coupe également ses signaux cellulaires et ne laisse plus de trace de bornage tant que ce mode reste actif. Les appareils sans carte SIM, ou ceux qui fonctionnent uniquement via le Wi-Fi, échappent aussi au bornage des opérateurs mobiles, car ils n’utilisent pas le réseau cellulaire.

Les téléphones satellite, qui se connectent directement à des satellites au lieu des antennes terrestres, ne figurent pas dans les registres des opérateurs de téléphonie mobile. Leur localisation dépend d’autres systèmes, propres aux opérateurs satellites. Enfin, certains appareils totalement isolés de tout réseau (sans carte SIM, sans Wi-Fi et sans Bluetooth) ne laissent aucune trace de bornage. Ce sont des cas rares, souvent liés à des usages techniques ou professionnels particuliers.

Il existe aussi des manipulations illégales, comme le changement de l’identité d’un téléphone ou l’usage de brouilleurs de réseau. Ces pratiques, strictement interdites, peuvent perturber temporairement le bornage ou le rendre inexact. Les opérateurs et les autorités disposent toutefois de moyens de détection pour repérer ces anomalies.

Même lorsqu’un téléphone échappe au bornage mobile, il peut laisser d’autres traces numériques. Les applications, les réseaux Wi-Fi, les plateformes de messagerie ou encore les services en ligne conservent souvent des données de connexion, des adresses IP ou des informations GPS. Ainsi, ne pas apparaître dans le bornage ne signifie pas disparaître complètement du paysage numérique.

Sur le plan éthique et légal, chercher à se soustraire au bornage soulève des questions importantes. Les lois protègent la vie privée, mais elles reconnaissent aussi la nécessité de garantir la sécurité publique. Les opérateurs et les autorités doivent donc respecter des procédures rigoureuses pour obtenir et exploiter ces données. Le bornage n’est pas un outil de surveillance permanente, mais un moyen technique au service de la vérité et de la justice, utilisé dans un cadre bien défini.

En définitive, comprendre le fonctionnement du bornage, c’est mieux connaître l’équilibre entre sécurité, technologie et respect de la vie privée dans notre monde connecté. Et à ceux qui croient pouvoir échapper à la loi, qu’ils retiennent bien ceci : en cas de crime ou de délit, c’est souvent leur propre téléphone qui les trahira le premier.

Aboubacar SAKHO
Expert en Communication

 

 
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