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Sénégal:: Ousmane Sonko: l’homme qui veut tout incarner, tout contrôler, tout décider — quitte à fragiliser l’État, briser le tandem présidentiel, et menacer l’équilibre national.

13/7/2025

 

Épisode 1:
Samedi 12 juillet 2025

L'idylle citée en exemple et tant vantée entre le Président Diomaye Faye et son président de parti ( Pastef), dont il a fait son premier ministre pour le récompenser de l'avoir choisi à sa place comme candidat victorieux à l'élection présidentielle après sa disqualification, tourne au mariage forcé. Ousmane Sonko ne semble pas à l'aise dans son rôle de second, convaincu qu'il doit être le véritable maître du pays, lui, le faiseur, par excellence, du Président Diomaye Faye. S'il avait contenu jusqu'ici sa frustration profonde d'un destin présidentiel manqué, Ousmane Sonko, l'affiche au grand jour, à présent, surtout, semble trop pressé d'être khalife à la place du khalife. En attendant, il entend marquer son territoire et rappeler à son "poulain" qu'il vient avant lui dans l'ordre de préséance politique, auprès de l'électorat, même s'il est rélégué, à cause d'un cas de force majeure politique et électoral, au second plan dans le rang protocolaire et n'est pas devenu chef de l'Etat.

Chacun doit comprendre désormais que celui qui détient le pouvoir ne doit pas être celui qui l'exerce effectivement, ce n'est pas le chef de l'Etat qui a la décision, les pleins pouvoirs, mais, le premier ministre qui devrait gouverner par procuration, de gré ou de force. Au Sénégal où un certain ordre et une discipline de fer ont toujours régné dans les instances de l'Etat, l'autorité des institutions a prévalu sur les visées individuelles et les desseins politiques obscurs, l'attitude fractionnaire de Ousmane Sonko et son discours défiant à l'encontre du Président de la République en tant que premier ministre constituent un dangereux dérapage, un grave outrage à la République et une source d'instabilité institutionnelle et de troubles à l'ordre public.

Le chef de l'Etat qui ordonne, le premier ministre qui execute, est la règle mais Ousmane Sonko veut introduire l'exception inappropriée d'un Président de la République élu par le peuple, tout de même obligé d'obéir au premier ministre nommé par lui. C'est au Président de la République de se soumettre à toutes les volontés ainsi qu'aux nombreux caprices de son chef de gouvernement.
Bassirou Diomaye Faye devrait faire le figurant pour contenter l'ego de Ousmane Sonko qui veut gouverner à sa place comme pour lui rappeler qu'il a été élu sous couvert de lui et de son parti. La nature du pouvoir et son visage seraient ainsi modifiés: Diomaye qui règnerait, Sonko qui gouvernerait. Une inversion de rôles impossible et une tentative d'usurpation désespérée de la Présidence, car l'architecture actuelle de l'Etat du Sénégal et la pratique historique des institutions ne permettent pas dans le contexte actuel que le chef de l'Etat soit aux ordres de son premier ministre et le satisfasse au doigt et à l'œil.

Ici comme ailleurs, la dyarchie dans l'Etat, ne va jamais loin ni n'apporte de sérénité durable, tant l'épreuve de forces, les procès en légitimité des uns contre les autres sont inévitables. Les luttes d'égo et rivalités entre différents courants et chapelles opposées alimentent des tensions et des conflits qui provoquent des ruptures, la plupart du temps, violentes et irréversibles.
La cohabitation, libre ou souvent forcée, entre deux hommes, réputés forts et interdépendants, deux chefs militaires ou politiques liés par un pacte, débouche dans la majorité des cas, à une confrontation ouverte. Il arrive toujours un moment où l'on assiste au choc des intérêts et des ambitions.

L'histoire contemporaine régorge d'exemples en Afrique comme ailleurs dans le monde de contradictions fortes au sommet de l'Etat, de divergences profondes entre tenants du pouvoir, ayant conduit à des batailles rangées, des coups d'Etat, parfois, même à des guerres civiles.
Le Sénégal semble menacé à son tour avec le tandem Diomaye Faye-Ousmane Sonko, d'une guerre fratricide, de rivalités politiques, d'antagonismes personnels et d'une querelle de légitimité au sein de l'exécutif qui pourraient fragiliser l'Etat, entamé l'autorité et la crédibilité des institutions et ruiner les acquis démocratiques.

Finie, l'euphorie électorale. Exit, l'unité de façade ayant porté l'attelage Sonko Diomaye sur les plus hautes marches du pouvoir. La crise ouverte du 10 juillet marque une escalade. Pour la première fois, le premier ministre, s'est frontalement attaqué au Président de la République. La complicité entre les deux hommes qui semblaient faits "l'un pour l'autre "a volé en éclats. La complémentarité apparente céde la place à un duel aux conséquences incalculables pour le Senegal.

Tout porte à croire que si le chef de l'Etat et son premier ministre ne parvenaient pas à une trêve ou à faire la paix, Diomaye Faye aurait raison de Ousmane Sonko car l'un a un mandat de 5 ans qui lui a été confié par le peuple, l'autre, nommé dans ses fonctions peut en être révoqué sans délai ni conditions. En Afrique, le Président de la République a une longueur d’avance et a toujours eu le dernier mot sur ses partenaires et alliés, même lorsque ceux-ci ont paru forts et redoutables.

Ousmane Sonko, a accusé le Président de la République de manquer "d'autorité" en laissant trop dire et faire, dans l'impunité totale. Il lui reproche une certaine apathie voire complaisance au point de l'inviter à lui déléguer ses pouvoirs ou de le laisser gouverner en lui concédant la plénitude des responsabilités et des pouvoirs exceptionnels. Le Président de la République, par ses silences et son indifférence devant certaines situations, se serait écarté de la ligne politique définie et des objectifs déterminés.
Si les propos de ousmane Sonko révèlent un malaise dans sa relation avec Diomaye Faye, ils indiquent surtout une forte propension chez le premier ministre impérialiste à vouloir se substituer au Chef de l'Etat et a exercé ses prérogatives. Le chef de parti aspire à devenir le chef de l'Etat de fait. Ce n'est pas par pur hasard que ce soit au cours d'une réunion du Pastef qu'il agite comme épouvantail et brandit contre Diomaye Faye, que Sonko lance sa rébellion. Le Premier ministre, entend garder la haute main sur le PASTEF et l'avoir à sa dévotion, à défaut de diriger l'Etat et de tenir en laisse Diomaye Faye. C'est comme si chacun devrait connaître son territoire et ses limites. Ce n'est plus le partenariat de confiance d'avant, la collaboration franche et loyale d'antan, c'est maintenant une logique de guerre ouverte et impitoyable.

Le Premier ministre, manifestement, outrepasse ses droits et marche sur les platte-bandes du chef de l'Etat dont il ne respecte pas l'autorité et ne semble pas reconnaître non plus la légitimité: il fait allusion à un pacte secret fondateur, dénonce des recrutements à Touba, revendique la direction idéologique de l'Etat, ose se placer au-dessus du Président de la République en suggérant qu'il doit se soumettre à lui. Comme si la République était une section du Pastef, le Président de la République, un militant servil et obéissant.

Ousmane Sonko s'illustre, tristement, dans une tentative de prendre le pouvoir sans mandat ni onction populaire obtenue dans les urnes. En fréquentant ces derniers temps des putschistes qui semblent l'attirer et fasciner, il a sans doute la tentation de leur ressembler et de les imiter en réussissant aussi son coup de force dans un pays où il n'y a pas encore eu de coups d'Etats, personne n'a pu prendre le pouvoir ou le conserver par la force et les armes. Sonko qui se considère comme super-man, ne respecte rien, se voit supérieur à tout le monde, se croit investi d'une mission messianique et divine. Il voudrait un Sénégal à son image à sa dimension, à sa merci.

Le Président Diomaye Faye, et son Premier ministre sont condamnés à la confrontation et à la rupture. Parce que les deux acteurs ont des tempéraments différents, ne partagent pas la même vision de la société, la même lecture de l'Etat, en clair, l'un est l'opposé de l'autre. Sonko, persiste, dans un populisme autoritaire qui ne veut souffrir d'aucune contradiction, de la moindre tolérance, d'un acte de censure même nécessaire et justifié. Le Premier ministre veut tout se permettre et que rien ne lui soit interdit.
Ce n'est pas la première fois dans la vie des nations, qu'il y'ait mésentente et passe d'armes entre différents protagonistes du pouvoir d'Etat, liés les uns aux autres et embarqués dans le même bateau.

Samir Moussa

 

 
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