20/9/2022
La création par décret du Président de la transition d'un cadre de dialogue inclusif est saluée par beaucoup d'acteurs politiques et de la société civile mais bon nombre d'entre eux soupçonnent la junte de monter encore un plan pour échapper aux sanctions de la CEDEAO qui se réunit dans quelques jours en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies, sur les transitions en Guinée et au Mali. C’est le cas d’Abdoul Sacko, coordinateur du Forum des forces sociales.
"Vous savez bien le Forum des forces sociales et les forces vives de la nation de façon générale a toujours réclamé le dialogue inclusif. Et donc quand apprend un décret dans ce sens, on ne peut que prendre acte avant d'aller en profondeur dans les analyses. Mais de toute évidence quand nous voyons un certain nombre d'aspects, ça soulève des inquiétudes. Autrement comme on le dit dans la déclaration, il y a une coïncidence qui ne dit pas son nom avec le 77ème sommet des Nations Unies en marge de laquelle certainement la CEDEAO va se prononcer sur le cas de la Guinée. Et ce que nous avons constaté est qu'à chaque fois qu'il y a un sommet qui se prépare sur la Guinée, le CNRD a toujours trouvé des approches qui permettraient de montrer certaines volontés qui prouvent à suffisance qu'on pourrait avoir une volonté de manipulation de l'opinion nationale et internationale, donc de la communauté internationale.
Egalement quand vous observez le décret, il y a un doute. Vous allez prendre un pool de facilitateurs nationaux en même temps que le Premier ministre aussi qui va présider. Donc vous avez trois niveaux de décision : les facilitateurs, le Premier ministre ensuite. On dit encore qu’il va faire recours au président de la transition. Et qui voit aujourd'hui la souffrance du peuple de Guinée, qu'on banalise, on blague avec le dialogue, en mettant une sorte de carcasse de décision, ça inquiète.
Et mieux le Premier ministre a dit haut et fort qu’il n’y a pas de crise en Guinée. Dans une transition où vous n’avez pas de lisibilité, dans une transition où vous n’avez pas de consensus, dans une transition où personne ne sait quelle est la direction de la transition, celui a dit qu’il n’y a pas de situation de crise, vous prenez ce dernier comme la première autorité du dialogue, ça pose problème.
Et de l’autre côté, vous constatez aujourd’hui la mise à l’écart systématique de la communauté internationale, notamment le processus de dialogue entamé par la CEDEAO à travers son médiateur Dr Thomas Boni Yayi qui a été accepté par le CNRD et tous les organes de la transition. Je pense que sa dernière visite en Guinée, avec les différentes rencontres en font foi », a dit entre autres le président du Forum des forces sociales de Guinée pour qui, l’avènement du cadre de dialogue crée par le Président Doumbouya « montre déjà de toute évidence que le CNRD considère la médiation de la CEDEAO comme quelque chose à mettre systématiquement de côté». Une attitude qu’il juge très « inquiétante ». Dans la mesure où des Guinéens se seraient empêtrés d’une sorte de nationalisme en considérant la CEDEAO comme étrangère à la Guinée par ignorance de l’histoire.
KS
|