22/10/2025
L’histoire retiendra qu’elle est partie non pas en héros, mais en râlant, valises à moitié faites, drapeau froissé et comptes bancaires en déroute. La France quitte l’Afrique, chassée non par des chars, mais par des jeunes armés de smartphones, de hashtags et d’un sens aigu de la dignité retrouvée.
La nouvelle génération africaine n’a ni peur ni complexe. Elle n’attend plus les bénédictions de Paris ni les instructions de ses ambassadeurs à la démarche coloniale. Elle a décidé d’en finir avec la Françafrique, ce vieux système de domination déguisé en partenariat "historique". Et dans cette révolution pacifique mais implacable, le dernier bastion s’appelle Côte d’Ivoire, ou, pour être plus précis, Alassane Ouattara, ultime rempart d’un empire en ruine.
Le Sénégal, lui, a déjà tourné la page Macky Sall et confié la plume de son destin à de jeunes panafricanistes, avec un Premier ministre engagé et un président complexé et hésitant. Le Bénin renifle encore de temps à autre une petite odeur de Françafrique, mais rassurez-vous, ce n’est qu’une flatulence passagère car la jeunesse béninoise, inspirée par ses voisins burkinabè et nigériens, prépare déjà le grand ménage. Là -bas également, les héritiers de Vercingétorix feraient mieux de réserver déjà un aller simple vers Roissy.
Au Togo, le vent tourne aussi. Faure Gnassingbé, flairant la tempête, s’est mis à prendre ses distances avec Paris, comme un vieil ami qui ne veut plus être vu en public avec un embarrassant compagnon de beuverie. Même au Cameroun, royaume de la bière et du makossa, la jeunesse commence à lever la tête. Et quand ce peuple cessera de danser et de boire pour réfléchir, la France n’aura plus qu’à emballer les restes de sa momie politique et partir en silence.
Le dernier épisode du feuilleton tragico-comique, c'est Madagascar. Là -bas, le président pro-français a quitté le pays sans même demander ses restes, exfiltré par l’Élysée comme un colis indésirable. Les nouvelles autorités, galvanisées par une jeunesse en ébullition, ont déjà fermé la porte à double tour.
Et puis, il y a eu l’Alliance des États du Sahel, ce conglomérat d’insoumis qui a osé dire non. Ce fut le coup de tonnerre, la détonation finale. Après le Mali, le Burkina et le Niger, même le Tchad, pourtant bastion historique de la "coopération militaire", a commencé à se poser des questions existentielles : « Et si, nous aussi, on reprenait entièrement notre destin en main, en dehors de la présence militaire française ? » C'est le cri vibrant de la jeunesse et du peuple du Tchad ! Les derniers soldats français ont ainsi quitté le territoire tchadien le 30 janvier 2025, après la dénonciation par le président Mahamat Idriss Déby Itno de l'accord de coopération militaire bilatéral.
Mais le plus drôle, le plus savoureux dans cette débâcle coloniale, c’est que le fossoyeur de la Françafrique n’est autre qu’un Français. Oui, Emmanuel Macron lui-même, le Mozart de l’arrogance diplomatique, le Napoléon de la suffisance moderne. Par sa morgue, son ton de donneur de leçons et ses sermons aux présidents africains, souvent ses aînés de trente ans, il a réussi ce qu’aucun panafricaniste n’aurait osé espérer, faire déguerpir la France du Sahel, saboter ses intérêts miniers et provoquer une mini-crise financière à Paris.
Aujourd’hui, la Bourse française tremble comme un étudiant avant un oral de philosophie. Les recettes d’uranium s’évaporent, les stocks d’or s’amenuisent, et les comptables de l’Élysée s’arrachent les cheveux. La France découvre soudain qu’elle n’est plus maîtresse du jeu, mais simple spectatrice d’un continent qui la regarde partir avec un mélange de lassitude et d’ironie.
Les Français auraient-ils eu tort de confier par deux fois leurs destinées à un président qui a pris l’Afrique pour une salle de classe et ses dirigeants pour des cancres ? Évidemment. Le résultat est là , celui d'un empire qui s’effondre, d'une influence en lambeaux et d'une économie en crise, pendant que les jeunes Africains, eux, dansent sur les ruines de la Françafrique en criant "Liberté, égalité, souveraineté !"
La Françafrique n’est plus qu’un souvenir embarrassant, un fantôme qui hante les couloirs de l’Élysée. Elle est morte, pas par coup d’État bien sûr, mais d’un excès de mépris. Et comme toute tragédie mal jouée, elle se termine en farce, celle de la France pliant bagage, l’Afrique respirant, et Macron méditant — du moins on l’espère — sur cette loi implacable de l’Histoire qui veut que celui qui se prend pour le maître finit toujours par être renvoyé par ses élèves.
Par Abou Maco |