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Le crime du père de Babila : avoir un fils qui parle trop (Par Ousmane Boh KABA)

30/9/2025

  Hier à N’Zérékoré, l’aube se levait sur une autre réalité. Celle où des hommes en treillis viennent chercher un vieil homme, El Hadj Babila. Pas un criminel. Pas un putschiste. Pas un condamné pour crime contre l’humanité. Un père. Inconnu de tous. Son dossier ? Avoir élevé un fils dont la parole dérange. Son verdict ? Être l’otage d’une plume qu’il n’a jamais tenue. Son fils, aujourd’hui, doit vivre loin, sa voix devenue une ombre qui fuit le soleil des militaires.
C’est là, le vrai visage de certains réflexes du pouvoir : quand la raison devrait parler, la force bâillonne. Quand le dialogue est nécessaire, l’enlèvement répond. On confond la critique avec un complot, l’opposant avec un ennemi, la plume avec une arme. Mais une nation qui redoute ses propres mots ne peut espérer se construire : elle s’épuise à combattre ses enfants au lieu de bâtir son avenir.
À Conakry, d’autres noms - Foniké Menguè, Bilo, Marouane - se sont évaporés dans le grand vide d’une « réconciliation » qui ressemble furieusement à une élimination. On ne construit pas l’unité en effaçant ceux qui pensent, on construit un désert. Et un désert n’a jamais nourri un peuple, il ne fait que l’assoiffer. La Guinée n’a pas besoin d’un mirage de réconciliation, mais d’une eau vive de justice.
Rappelons-le : il n’y a pas si longtemps, le général Amara, représentant la Guinée devant l’ONU, portait haut la voix de notre nation. Il disait, ferme, que la Guinée se tenait debout, prête à défendre la justice et la liberté. À la fin de son discours, la salle avait éclaté en applaudissements. Ces applaudissements résonnaient comme une promesse. Aujourd’hui, cette promesse se heurte à une réalité bien différente. Quand un pays applaudit ses dirigeants à l’ONU pour leurs discours, mais enferme chez lui ceux qui parlent, c’est tout un peuple qui perd sa cohérence.
« Nous avons tourné la page », assure le pouvoir. Laquelle ? Celle de la justice ou celle de la peur ? Tourner la page, ce devrait être tourner le dos aux vieilles méthodes, pas les embrasser comme une fatalité. Une transition qui piétine le présent au nom d’un meilleur demain est un mensonge qui s’ignore. On ne prépare pas l’avenir en maltraitant le présent : on l’empoisonne à la racine.
Bientôt, nous entendrons les justifications habituelles. « C’est une affaire compliquée. » « Il y a des raisons de sécurité. » Ou pire : « Cela a toujours été ainsi. » Comme si la longévité d’une injustice en faisait une tradition à respecter. Mais non : ce n’est pas parce que la pluie d’hier nous a trempés qu’il faut se réjouir de l’averse d’aujourd’hui. Un État qui justifie ses erreurs présentes par les erreurs passées n’est pas un État, c’est un héritier qui dilapide son propre honneur.
Mamadi Doumbouya se réclame de l’histoire, de Sékou Touré et de son « Non » fondateur. Mais la meilleure façon d’honorer ce « Non » n’est pas de répéter les « Oui » silencieux de la répression. C’est de dire « NON » à la peur, « NON » à l’arbitraire, « NON » à ces mauvais réflexes qui souillent le drapeau. Gouverner, ce n’est pas agiter un uniforme ni réciter un slogan, c’est protéger les plus vulnérables et écouter même ceux qui dérangent.
Au-delà des discours, une vérité demeure, simple et cruelle : dans la Guinée d’aujourd’hui, le crime ultime pour un père est d’avoir un fils qui parle trop. Mais le silence forcé est une dette que l’histoire réclamera. Un peuple qui accepte de taire ses enfants finit par taire son propre futur.
Le devoir de tout fils est de continuer à parler, malgré les menaces, malgré les silences imposés, pour que son père ne soit plus un coupable, mais le symbole d’un pays qui a choisi de se libérer de ses chaînes. Parler devient alors un acte de mémoire, un cri pour la justice, un geste pour que l’histoire se souvienne et que la peur ne devienne pas la règle.
Un pays qui réduit ses pères au silence se condamne à mourir à petit feu. Mais un pays qui écoute ses fils, même quand ils dérangent, a le pouvoir de se réinventer. C’est là, dans la voix des enfants et dans la liberté de parole, que se bâtit une nation digne de ses ancêtres - une Guinée qui ne se contente pas de survivre, mais qui ose exister.
Ce jour-là, ce ne seront pas seulement les fils qui parleront, mais toute une nation qui chantera sa liberté retrouvée. Car la parole, quand elle s’élève, devient plus qu’une arme : elle devient lumière. Une lumière qui résonnera comme l’écho même de notre hymne national - Liberté - un cri qui traversera nos montagnes et nos plaines, rappelant à chaque cœur guinéen que la liberté n’est pas donnée, elle se conquiert. Et dans ce chant, la voix de chaque citoyen se fondra en un seul refrain : celui d’une Guinée debout, fière, jeune et… unie pour toujours.
Ousmane Boh KABA

 

 
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