29/9/2025
Il y a des hommes qui laissent une trace dans l’Histoire. D’autres qui laissent des taches.
Monsieur, vous avez choisi la deuxième option.
Vous vous êtes permis d’écrire sur les morts pour masquer vos faiblesses vives. Vous avez vomi vos formules, cherché à salir un nom, persuadé que l’injure neutralise l’argument. Erreur tragique. L’attaque contre la famille n’est que l’aveu d’une défaite sur le fond. Qui n’a plus d’arguments rabaisse son adversaire, qui n’a plus d’audience fait parler la boue. Vous avez choisi la boue.
Mon éducation ne me permet pas de parler de votre père. Qu’il repose en paix. Amen. Mon père est une personnalité publique, et il appartiendra à l’Histoire d’en décider… en attendant, sachez que j’ai appris avec plaisir beaucoup de choses que j’ignorais, comme le fait que vos attaques laissent… zéro trace.
Ce que je vous oppose, c’est vous, uniquement vous : votre trajectoire, vos revirements, votre goût des rideaux de palais et des fauteuils de circonstance. Là où certains bâtissent, vous vous rendez utile aux lambris. Là où d’autres refusent un strapontin, vous y voyez une carte de visite.
Dites?moi donc quel mot sied le mieux à votre carrière : girouette, courtisan, griot de pouvoir. Tour à tour louangeur et blâmeur, vous avez perfectionné l’art du retournement : encenser hier, conspuer demain, louer le palais d’aujourd’hui et maudire celui d’hier. Vous faites de la fidélité une commodité, de la loyauté un accessoire. Vous appelez conscience ce qui n’est que commodité. Vous appelez courage ce que d’autres nomment soumission.
Vous vous parez d’un verbe haut pour parler d’honneur, et pourtant votre livre de chevet reste l’opportunisme. À chaque crise, vous réapparaissez, soigneusement repassé, prêt à coiffer le titre du jour. Vous n’êtes pas un vigile de la République, vous êtes son paravent, un discours prêt à être loué selon le goût du maître. Vos envolées morales sonnent creux, non parce qu’elles manquent d’audace, mais parce qu’elles manquent d’ancrage : des mots sans actes, des sermons sans preuves.
Rappelez?vous, Monsieur, vos propres propos d’hier : au procès du 28 septembre, vous étiez porte?voix de la mémoire collective, clamant justice et vérité. Et pourtant, aujourd’hui, vous changez de rôle comme on change de costume, oubliant vos serments comme on oublie ses dettes. Dans vos colonnes de Jeune Afrique, vos mots ont oscillé entre complaisance et reniement, offrant au pouvoir des discours qui ne valent qu’un papier toilette au regard de l’Histoire.
Vous invoquez l’Histoire, parfait. L’Histoire jugera vos silences autant que vos paroles. Elle consignera vos louanges et vos oublis, vos hommages et vos reniements. Elle notera que vous avez préféré les salons aux principes, l’éclat d’un titre à la dureté d’une conviction. Le peuple n’oublie pas ceux qui changent de camp pour rester près du feu, il n’oublie pas non plus ceux qui troquent la plume contre un siège.
Vous m’accusez d’un héritage que je n’entends ni brandir ni dénier. Moi je vous accuse d’un legs qui ne se refuse pas : l’opportunisme industriel, le commerce des faveurs, la diplomatie du survivant. Votre nom n’est pas un drapeau, il est un porte?étiquette. Vous prétendez défendre la République ; vous la servez quand elle vous nourrit, vous lui tournez le dos quand elle vous déplaît.
Voilà votre vérité, simple et nue : vous avez fait de la dépendance aux puissances votre génie. Vous avez vendu des loyautés temporaires comme d’éternelles convictions. Et pour cela, vous n’êtes pas honoré par l’Histoire, vous êtes commode. On vous gardera sur l’étagère des utilités, entre la caution et le commentaire, à la portée de tous les maîtres de passage.
Et puisque vous aimez les maximes, prenez?en une qui vous va mieux que les autres :
On peut tenir la plume pour écrire l’Histoire, mais on ne peut jamais la vendre pour acheter une place dans les salons.
Monsieur, continuez donc vos réparties, multipliez vos attaques personnelles contre les morts et vos fables. Vous ne me ferez pas quitter le terrain public. Vous ne couvrirez pas vos revirements d’un brouillard de calomnies. Vous chercherez demain une nouvelle table à servir, et vos admirateurs d’hier liront, un jour, vos amnésies comme on lit les petites lâchetés, avec ce sourire amer qui ne pardonne pas.
L’Histoire se souviendra de vous, Tibou Kamara, mais pas comme vous l’espériez. Elle se souviendra de vous comme d’un symbole d’opportunisme, un nom dans les marges, une ombre derrière les puissants.
Signé,
Un citoyen qui croit que le pays mérite mieux que des gardiens de cour,
et que la République a besoin d’hommes, non d’ombrelles… au plaisir de vous répondre.
Semper fi !
Ousmane Boh KABA
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