23/9/2025
La Palestine a été proclamée comme État le 15 novembre 1988 à Alger. Cet acte, porté par Yasser Arafat et l’Organisation de libération de la Palestine, avait pour but de donner une existence juridique et politique à un peuple privé d’État. Tout de suite après cette proclamation, l’Algérie, terre de lutte et de solidarité, a été le premier pays à reconnaître la Palestine. Depuis, 145 États membres des Nations-Unies ont apporté leur reconnaissance officielle, principalement en Afrique, en Asie et en Amérique latine, puis plus récemment en Europe. Chaque reconnaissance est un geste politique qui confirme la légitimité de la Palestine sur la scène internationale. Pourtant, malgré cet appui massif, la réalité quotidienne dans les territoires palestiniens reste marquée par l’occupation, les restrictions de mouvement, l’instabilité et la violence. La reconnaissance diplomatique seule ne garantit ni la liberté ni la paix, mais elle reste un outil essentiel dans la construction du droit et du dialogue.
Depuis plus de quarante ans, la communauté internationale appelle à ce que l’on appelle la solution à deux États : un Israël et une Palestine vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Mais le chemin reste semé d’embûches. Les points de désaccord sont connus : les frontières, le statut de Jérusalem, le droit au retour des réfugiés et les garanties de sécurité. Ces obstacles expliquent pourquoi, malgré les efforts et les accords signés, aucune solution définitive n’a encore été trouvée. L’histoire récente montre pourtant que des percées ont été possibles quand des dirigeants courageux ont osé prendre des risques.
En 1978, les accords de Camp David, signés par le président égyptien Anwar Sadat et le premier ministre israélien Menachem Begin, sous la médiation du président américain Jimmy Carter, ont ouvert une brèche en prouvant qu’un État arabe et Israël pouvaient signer un traité de paix. L’année suivante, l’Égypte et Israël normalisaient leurs relations, un événement qui bouleversait l’équilibre régional. En 1993, les accords d’Oslo apportaient un nouvel espoir : pour la première fois, Israël et l’OLP se reconnaissaient mutuellement. Yasser Arafat, Yitzhak Rabin et Shimon Peres, réunis sous l’œil de Bill Clinton, signaient un document qui devait ouvrir la voie à l’autonomie palestinienne et à des négociations plus larges. L’année suivante, l’Autorité palestinienne recevait ses premières responsabilités locales avec les accords de Gaza-Jéricho. En 1994, la Jordanie rejoignait à son tour le processus en signant un traité de paix avec Israël grâce au roi Hussein. Ces moments diplomatiques ont montré qu’il était possible de transformer un conflit violent en dialogue, mais la méfiance, les violences et les blocages politiques ont empêché ces avancées de se traduire en paix durable.
Dans ce long combat pour la reconnaissance et la dignité, un pays africain s’est distingué très tôt : la République de Guinée sous la présidence d’Ahmed Sékou Touré. Dès les années 1960, à peine sortie de la colonisation, la Guinée a placé la solidarité avec la Palestine au cœur de sa diplomatie. Alors que la plupart des États hésitaient encore, Conakry a reconnu l’Organisation de libération de la Palestine et a offert à Yasser Arafat l’une des toutes premières représentations diplomatiques de l’OLP en Afrique. Ce geste symbolique était un acte de courage et de clairvoyance : il montrait que l’Afrique indépendante n’oublierait pas le peuple palestinien dans son combat pour l’autodétermination.
Sékou Touré utilisait chaque tribune internationale, que ce soit à l’ONU, à l’Organisation de l’unité africaine ou au sein du Mouvement des non-alignés, pour défendre le droit des Palestiniens à un État. La Guinée ne s’est pas contentée de mots. Elle a aussi offert un soutien matériel et logistique, considérant la lutte palestinienne comme une partie intégrante de la grande bataille des peuples colonisés pour leur liberté. Ce choix diplomatique s’inscrivait dans une vision plus large : celle d’un front commun des nations du Sud, du Vietnam à l’Angola, de l’Algérie à la Palestine. Pour Sékou Touré, la libération ne pouvait être complète que si tous les peuples asservis retrouvaient leur dignité. Yasser Arafat lui-même a souvent rendu hommage à la Guinée et à son président, rappelant combien l’appui de Conakry avait compté dans les moments difficiles.
Cet engagement pionnier de la Guinée a servi d’exemple. D’autres pays africains ont rapidement suivi, consolidant une solidarité continentale qui a pesé dans les votes internationaux. L’Afrique, dans son ensemble, est devenue un bastion de soutien à la cause palestinienne, et cette orientation doit beaucoup à la vision et au courage de Sékou Touré. L’histoire retiendra que la Guinée a été l’un des premiers États à considérer que la Palestine n’était pas seulement une question régionale, mais un enjeu universel de justice.
Aujourd’hui encore, le souvenir de ces efforts demeure. Si la paix n’est pas encore atteinte, si les violences se poursuivent et si les négociations restent fragiles, le combat pour une solution juste se nourrit des sacrifices et des engagements passés. Ahmed Sékou Touré, Anwar Sadat, Menachem Begin, Jimmy Carter, Yasser Arafat, Yitzhak Rabin, Shimon Peres, Bill Clinton, le roi Hussein de Jordanie, Mahmoud Abbas et d’autres ont, chacun à leur manière, tenté d’ouvrir la voie à une paix durable. Certains y ont laissé leur vie, comme Sadat et Rabin. D’autres continuent à plaider pour le dialogue, comme Jimmy Carter ou Mahmoud Abbas.
Le temps a montré que chaque avancée est fragile, mais qu’aucune lutte pour la paix n’est vaine. La reconnaissance de la Palestine par 145 pays, l’engagement de chefs d’État, le soutien pionnier de la Republique de Guinée et d’autres Nations, tout cela constitue le socle sur lequel une paix future pourra un jour se construire. Car, au-delà des frontières et des conflits, l’histoire retiendra que deux peuples, longtemps considérés comme des frères ennemis, ont été portés par l’espoir universel d’un avenir commun de justice et de paix.
Par Aboubacar SAKHO
Expert en communication |