31/8/2025
Dans une salle de bain ordinaire, quelque part dans le silence d’un matin ou d’un soir, un homme ou une femme, seul face à un miroir, se prépare à accomplir un acte simple mais profondément spirituel : les ablutions. Et soudain, une hésitation. Une question banale mais sincère traverse l’esprit : « Ai-je le droit de faire mes ablutions sans être habillé ? Puis-je laver mon visage, mes bras, mes pieds, tout en étant encore nu, juste après un bain purificateur ? » C’est une interrogation fréquente, souvent murmurée du bout des lèvres, comme si elle était trop intime pour être posée. Et pourtant, elle concerne de nombreux croyants dans leur quotidien, entre pudeur personnelle et respect de la tradition. La réponse des savants et des textes religieux est claire : il est tout à fait autorisé de faire ses ablutions en étant nu, tant que certaines conditions sont respectées. La plus importante d’entre elles : être seul et à l’abri des regards. La religion attache une immense valeur à la pudeur, mais elle distingue ce qui est exposé aux autres de ce qui relève de la vie intime. Lorsqu’on est dans un lieu fermé, une salle de bain, une douche, un endroit où personne ne peut entrer sans y être invité, il n’est pas nécessaire d’être couvert pour faire les gestes rituels de purification. Ce n’est pas le fait d’être nu qui pose problème, mais le fait d’être vu nu.
Dans ce cadre privé, le rituel de purification est parfaitement valide. Cela est d’autant plus vrai après un bain purificateur complet, nécessaire dans certaines situations comme après un rapport sexuel, une perte de semence pendant le sommeil ou, pour les femmes, après les règles ou un accouchement. Ce bain consiste à laver tout le corps, de la tête aux pieds, et il est tout à fait logique de le faire sans vêtements. Cela soulève une autre question : faut-il refaire les ablutions après ce bain, ou sont-elles comprises dans le processus ? Les spécialistes de la religion expliquent qu’il est recommandé de commencer ce bain complet par les gestes des ablutions, mais que cela n’est pas obligatoire. Si l’eau du bain atteint correctement toutes les zones qui sont normalement lavées pendant les ablutions ( le visage, les bras jusqu’aux coudes, la tête et les pieds ) alors les obligations sont remplies. Le bain purificateur est donc suffisant à lui seul. Toutefois, certaines personnes choisissent de refaire les ablutions après le bain, par prudence ou par habitude, ce qui reste tout à fait acceptable. L’essentiel est que le corps soit propre, que les gestes soient accomplis correctement et que l’intention soit présente. Dans ce contexte intime, le fait d’être nu n’est en rien un obstacle spirituel. Bien au contraire, c’est une situation naturelle, traitée avec sagesse dans la tradition religieuse. La spiritualité ne s’oppose pas à la réalité physique du corps, elle l’accompagne avec justesse.
Cela étant dit, une limite claire doit être respectée : il n’est jamais autorisé de faire ses ablutions ou un bain purificateur nu devant d’autres personnes, sauf nécessité médicale extrême. Même entre personnes du même sexe, la partie du corps qui doit être couverte dans la vie quotidienne doit rester dissimulée. Cette règle s’applique dans tous les lieux partagés : douches communes, hammams, vestiaires, ou toute autre situation collective. Dans ces cas-là , il est obligatoire de se couvrir avec une serviette, un vêtement léger ou tout autre tissu, de manière à préserver la dignité de chacun. La religion ne demande pas la honte du corps, mais elle enseigne le respect de soi-même et des autres. Faire ses ablutions nu est donc permis, mais uniquement dans un lieu privé et à l’abri de tout regard. Ce geste de purification, aussi simple soit-il, reste un moment sacré entre la personne et son Créateur. Il n’y a ni gêne, ni faute, ni interdit à être nu devant soi-même, si le respect des règles de pudeur est maintenu. Dans le silence d’une salle de bain, sous la vapeur légère d’une douche chaude, se joue une rencontre entre le corps et l’âme. L’eau coule, lave, purifie. Et dans cette nudité temporaire, il y a parfois plus de sincérité que dans les apparences. Tant que l’intention est pure et que le cœur est tourné vers Dieu, le corps, lui, peut rester libre, dans le respect de ce qui nous a été transmis.
Par Aboubacar SAKHO
Expert en Communication |