18/8/2025
Le poète chilien Pablo Neruda a dit un jour : « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité. » Cette phrase peut surprendre. Elle semble contredire tout ce qu’on apprend depuis l’enfance : dire la vérité, chercher la vérité, défendre la vérité. Pourtant, en y réfléchissant bien, cette citation nous invite à ouvrir les yeux sur un aspect fondamental de la vie : la vérité n’est pas toujours unique. Elle peut changer selon les personnes, les cultures ou les circonstances.
Prenons un exemple simple. Une pluie fine tombe en fin d’après-midi. Un agriculteur dira : « C’est une bénédiction, mes cultures en avaient besoin. » Un vendeur de rue, dont les marchandises prennent l’eau, dira au contraire : « C’est une catastrophe, je vais tout perdre. » Qui a raison ? Les deux. Chacun dit la vérité, sa vérité, en fonction de sa situation.
Autre exemple : un enfant qui reçoit une remarque sévère de son professeur peut se sentir humilié. De son côté, l’enseignant pense avoir agi pour le faire progresser. Encore une fois, les deux ressentis sont réels. Il ne s’agit pas de choisir un camp, mais de comprendre que la vérité dépend souvent du point de vue de celui qui parle.
Même dans les grandes décisions politiques ou sociales, les vérités se croisent. Lors d’un projet de construction d'un barrage hydroélectrique, certains villages se réjouissent de l’électricité future. D’autres s’inquiètent des terres qu’ils vont perdre. Qui dit la vérité ? Tous. Ces différentes visions montrent que la vérité n’est pas figée, elle évolue avec le regard de chacun.
Cela ne veut pas dire que tout se vaut, ou qu’il faut accepter les mensonges. Il existe des faits vérifiables, des preuves, des lois de la nature. Mais dans de nombreuses situations humaines, les faits s’accompagnent d’émotions, de souvenirs, de douleurs ou d’espoirs, qui colorent notre manière de les raconter.
C’est pourquoi cette phrase de Pablo Neruda est toujours actuelle. Elle nous invite à faire preuve d’humilité, à ne pas croire que notre vérité est la seule valable. Dans nos familles, nos quartiers, nos pays, les conflits naissent souvent parce que chacun pense détenir la vérité. Apprendre à écouter l’autre, à reconnaître la complexité des choses, c’est déjà faire un pas vers la paix.
Accepter qu’il n’y ait pas qu’une seule vérité, ce n’est pas renoncer à comprendre le monde. C’est au contraire le regarder avec plus de nuances, plus de respect et plus d’intelligence.
Aboubacar SAKHO
Expert en communication auprès du Haut-Commissariat de l’OMVS – Dakar |